Qui dit activités nautiques ou utilisation de l’eau dit souvent pollution. voyons quelle est la qualité des eaux en Bretagne et les menaces qui pèsent sur celle-ci.
Qualité des eaux bretonnes
Les milieux aquatiques bretons peuvent être qualifiés de vulnérables en raison des caractéristiques morphologiques et géologiques régionales. Actuellement, peu de cours d’eau, plans d’eau, eaux littorales ou même de nappes souterraines échappent aux pollutions notamment diffuses. Ainsi, la Bretagne présente une qualité des milieux aquatiques plutôt dégradée pouvant entraîner des perturbations de l’équilibre des écosystèmes mais aussi entraver certains usages comme la production d’eau alimentaire avec un risque résiduel possible pour la santé publique.
Afin de garantir aux usagers de la ressource (pécheurs, baigneurs, etc.) une eau qui soit conforme à la réglementation pour la pratique de leurs activités et aux consommateurs une eau potable selon les valeurs réglementaires, des analyses régulières sont effectuées sur les eaux des rivières et les eaux distribuées (après traitement).
L’appréciation de la qualité de l’eau distribuée au robinet porte sur 56 paramètres, notamment la microbiologie, les nitrates, les pesticides, la bactériologie, la matière organique, le pH, la conductivité, etc. Depuis 1999, la qualité de l’eau reçue au robinet ne cesse de s’améliorer et les quelques non-conformités sont dues, pour une large part, à des dysfonctionnements ponctuels des installations de traitement.
La dégradation de la qualité des eaux de surface en Bretagne est liée principalement à des pollutions en nitrates, phosphore (P), produits phytosanitaires et matières organiques qui proviennent de différentes sources ( agriculture, industrie, eaux pluviales, domestiques, etc.). A partir de 1970, les teneurs en nitrates ont commencé à augmenter très fortement pour atteindre des pics de concentration très élevés entre 1993-1994 et entre 1998-2001. Depuis 2002, les teneurs en nitrates marquent un palier autour de 30 mg/l. Les pics de contamination par les pesticides régressent également mais aucune rivière bretonne n’est indemne de pollution. Le nombre de molécules retrouvées est par ailleurs plutôt à la hausse. Le suivi des concentrations moyennes de phosphore montre une sensible amélioration depuis 1998, liée en grande partie au meilleur traitement des eaux usées urbaines sur le plan du phosphore. La teneur en matière organique dans les cours d’eau et aux prises d’eau brute s’avère globalement peu satisfaisante. Cependant, les résultats sont très variables d’une rivière à l’autre et d’une année sur l’autre. La qualité biologique des cours d’eau mesuré par l’Indice biologique global normalisé (IBGN) indique une bonne qualité globale des milieux aquatiques bretons.
La qualité des eaux souterraines est meilleure que celle des eaux de surface. L’eau qui s’infiltre dans le sol pour rejoindre les nappes a l’avantage d’être filtrée par les particules de sols qu’elles traversent. En conséquence, ces eaux sont naturellement protégées et plus prisées pour la fabrication d’eau potable que les eaux superficielles. Cependant, les formations de socle sont en Bretagne très peu productives. De plus, en raison de la faible profondeur des nappes, ces eaux peuvent aussi subir les pollutions de surface. Le niveau de contamination en nitrates est ainsi du même ordre que celui des eaux superficielles. La présence de pesticides y est plus faible mais plus rémanente. Quant aux pollutions microbiologiques, elles sont ponctuelles et souvent dues à des ouvrages de captage défectueux.
Les estuaires sont le siège d’interactions entre les eaux douces, en fin de parcours des fleuves, et les eaux littorales. La qualité des eaux estuariennes dépend donc à la fois de la qualité des eaux fluviales, de celle des eaux littorales auxquelles viennent s’ajouter des facteurs de dynamiques hydrologiques (courants, houle) et de temps de résidences des masses d’eaux côtières qui jouent sur le temps de renouvellement des eaux estuariennes et sur leur confinement.
Sur le littoral, le bilan des contrôles des eaux de baignade donne des résultats assez satisfaisant au regard de la réglementation européenne en vigueur. Par contre, les efflorescences d’ algues vertes semblent progresser. Toutefois, l’indicateur « quantité d’algues ramassées par communes » n’est pas significatif de la production totale des baies considérées mais plutôt des nuisances ressenties localement et des efforts consentis par les communes.
Le public peut s’informer à tout moment de la qualité de l’eau auprès de la mairie ou du syndicat de distribution pour l’eau potable et auprès des services santé-environnement des Ddass pour connaître la qualité des plans d’eau et des eaux de baignade. D’autre part, la synthèse annuelle des Ddass sur la qualité des eaux distribuées de l’année précédente est jointe à la facture d’eau. De plus, est diffusé en début de période estivale, un état de la qualité des eaux de baignade consultable en mairie et sur de nombreux lieux de baignade.
Pollution et menaces sur l’eau en Bretagne
Rares sont les milieux aquatiques aujourd’hui épargnés par la pollution. En Bretagne, comme ailleurs en France, les cours d’eau, les plans d’eau, les eaux littorales mais aussi les nappes d’eau souterraines sont victimes d’un enrichissement important en substances pouvant perturber l’équilibre des écosystèmes.
Un milieu aquatique est dit « pollué » lorsque son équilibre a été modifié de façon durable par l’apport en quantité trop importante de substances telles que phosphore, nitrates, pesticides, matière organique, déchets toxiques, détritus, etc. Ces pollutions physico-chimiques et organiques de l’eau ont un effet nocif sur la vie aquatique, mais aussi sur les activités et usages de l’eau. Cette dégradation de l’écosystème aquatique peut être accentuée par différents types d’aménagements : les barrages, la modification des cours d’eau, l’arasement de talus, l’assèchement des zones humides, etc., qui jouent un rôle fondamentale sur la gestion qualitative des eaux et participent ainsi à la régulation des pollutions de l’eau. source
Que l’on soit industriel, agriculteur ou simple particulier nos activités nous amènent à polluer directement ou indirectement. Les pollutions agricoles génèrent des effluents de type nutriments (nitrates, phosphore) ou phytosanitaires (pesticides) issus des eaux de ruissellement et de lessivages des champs. Les pollutions industrielles varient selon le type de production (papeterie, abattoir, laiterie, scierie, chimie, etc.) mais, en Bretagne, c’est l’industrie agroalimentaire qui rejette les plus gros volume d’eaux usées. Enfin, les pollutions urbaines comprennent les effluents domestiques (c’est-à-dire l’eau que nous faisons couler du robinet et qui part après usage dans les égouts), les effluents des collectivités (écoles, hôpitaux, lavage des rues, etc.) ainsi que les eaux de pluies, elles aussi chargées en polluants issus de l’atmosphère et du lessivage des surfaces imperméables.
Toutes ces eaux sont soit rejetées dans les cours d’eau après un traitement en station d’épuration, soit rejetées directement dans le milieu aquatique sans traitement préalable. Ces différents rejets peuvent avoir pour conséquence des pollutions de l’eau.
Ces pollutions peuvent entraîner différentes nuisances telles que, pour les nutriments, des proliférations excessives d’ algues vertes, de microalgues ou de cyanobactéries qui entraînent à leur tour des problèmes d’ eutrophisation dans les plans d’eau et les eaux littorales. Les polluants industriels peuvent au contraire être écotoxique et inhiber la vie aquatique. S’il arrive qu’un milieu aquatique pollué représente un danger sanitaire pour l’homme, une opération d’alerte et d’information au public est alors mise en place (par exemple, la fermeture d’un plan d’eau à la baignade). D’autre part, les polluants favorisent le développement de certaines espèces végétales et animales au détriment d’autres espèces autochtones qui, en disparaissant, entraînent l’appauvrissement de certains milieux aquatiques autrefois riches d’espèces variées et locales. Outre le fait que la perte de biodiversité est en soi un impact négatif, ces pollutions de la ressource en eau peuvent créer des problèmes sanitaires. Un processus de traitement des eaux est donc mis en place afin de pouvoir offrir une eau de consommation qui respecte les valeurs réglementaires de potabilisation.
Toutes ces nuisances ont des répercussions économiques régionales du fait, d’une part des dépenses investies pour enrayer ces pollutions et, d’autre part, de la mauvaise image qu’elles génèrent et qui nuise à l’attraction touristique de notre région.
Mesure de la qualité des eaux en Bretagne
Contexte breton
Les milieux aquatiques bretons sont le support d’ une faune et d’une flore très riche. Ce patrimoine biologique est un bien commun qui nécessite une protection et une surveillance. Poissons, mollusques, crustacés, algues, larves d’insectes, etc., présentent des sensibilités variables à l’état des eaux. Ces différentes espèces sont dites polluo-sensibles, car plus ou moins tolérantes aux pollutions. Elles se révèlent alors être un indicateur, permettant de qualifier l’état d’un milieu aquatique.
Afin d’évaluer la qualité biologique des cours d’eau, différents paramètres sont observés :
- les invertébrés aquatiques : la présence ou l’absence de certaines espèces est symptomatique de l’état des eaux de surface ;
- les poissons : selon les espèces et leurs quantités, il est possible de mesurer l’état écologique des rivières ;
- les végétaux : la flore est un indicateur précieux pour caractériser un milieu aquatique. On distingue d’une part, les diatomées, algues unicellulaires qui constituent de bons bioindicateurs parce qu’elles peuplent les cours d’eau tout au long de l’année et d’autre part, les macrophytes qui désignent toutes les plantes aquatiques visibles à l’œil nu (indice IMR).
Ces indicateurs permettent d’établir un diagnostic de la pollution des eaux ou d’une dégradation de l’habitat et donc de qualifier les milieux aquatiques. Cependant, ces indicateurs caractérisent les perturbations par leurs effets et non par leurs causes. Des analyses physico-chimiques complémentaires sont nécessaires pour définir un état des lieux complet.
Législation, réglementation et classes de qualité pour l’eau
Il n’existe pas de limites réglementaires pour la qualité biologique des eaux de surface. L’évaluation de cette altération est basée sur une grille de valeurs, nommée Seq-bio, dans laquelle chaque indicateur (faune, poisson, diatomée, macrophyte) suivi est classifié afin d’évaluer son état par rapport à un état de référence.
Cette grille est universelle et applicable à tous les milieux aquatiques répondant ainsi à un objectif de normalisation européenne. Le but est de développer des méthodologies et des résultats harmonieux à l’échelle communautaire, en appliquant des protocoles d’échantillonnage standard.
Évaluation de la qualité de l’eau
La qualité biologique des eaux douces superficielles est évaluée par l’analyse des organismes fixés ou libres vivant dans les cours d’eau. On distingue principalement :
- les invertébrés : organismes vivants sur le fond du lit d’une rivière (larves d’insectes, mollusques, crustacés, etc.), prélevés et identifiés par la méthode de l’Indice biologique global normalisé (IBGN). Ils sont plus ou moins sensibles à l’altération “matières organiques” de l’eau et témoignent de la qualité et de la diversité des habitats ;
- les diatomées : algues brunes microscopiques dont le squelette est constitué de silice. La forme de ce squelette permet de les identifier à l’espèce. L’Indice biologique diatomées (IBD) prend en compte la présence ou non d’espèces très sensibles à la pollution et la variété des espèces présentes ;
- les poissons : ils représentent de véritables indicateurs du fonctionnement des milieux aquatiques en raison d’une part, de leur position au sommet de la chaîne alimentaire et d’autre part, de leurs sensibilités à la qualité de l’eau et à l’intégrité physique de l’habitat. Les populations sont recensées lors de pêches électriques et le suivi de leur démographie constitue l’Indice poisson rivière (IPR), correspondant à l’écart entre la composition du peuplement observé et la composition attendue en situation dite de référence (très bon état).
Les valeurs des indices prennent en compte l’abondance des différentes espèces, leur sensibilité générale aux atteintes du milieu (pollutions, intégrité de l’habitat) et leur amplitude écologique. Le but est de comparer la situation observée à une situation de référence. Cette situation idéale est définie comme étant le très bon état, contexte pas ou très peu modifié par l’homme. Ces méthodes évaluent l’intégrité biologique des cours d’eau.
Les analyses de qualité biologique fournissent des renseignements sur l’état des milieux aquatiques, mais sont indissociables d’analyses physico-chimiques. Ces deux volets de surveillance de la qualité des cours d’eau sont complémentaires.